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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 14:50

 

 

Ils étaient jeunes, vigoureux, et puis l’injure du temps les a rattrapés…les vieux de la ville.

Si vous allez chez les vendeurs de légumes, vous rencontrez souvent des messieurs,  âgés, humbles, qui semblent s’excuser d’être encore là.

C’est ceux là qui laissent leur tour à ces dames conquérantes de Mutuelleville et des Manazeh.

Ils ont  en général du temps devant eux, alors ils essayent d’allonger leurs courses, pêchant çà et là, un regard, une parole ou l’amorce d’une conversation banale : il fait chaud pour la saison, la pluie tarde,  en se rappelant le bon vieux temps où les ainés étaient respectés sinon adulés.

 

 

Et puis ils retombent dans leur solitude,  faite de courses chez l’épicier, la queue chez le boulanger et de temps en temps une visite à leur banque, captant les regards indifférents de gens affairés, importants par leur ton incisif dans leur téléphone portables donnant l’impression que la vie se passe ailleurs, dans une autre dimension.

On les reconnait à leur voiture, quand ils en possèdent une, la vieille Mercédès, passée de mode depuis bien longtemps, les 106 biens briqués.

Ils la garent bien loin pour ne pas déranger ces 4x4 portant la dernière immatriculation, conduites par des fausses blondes, encore toutes  chaudes sorties de chez l’esthéticienne ou la coiffeuse.

Brel disait :

Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan.

 

Même quand leur regard est accroché par une belle créature, ils le détournent promptement semblant s’excuser d'apprécier encore la vie.

 

Leur retraite est venue trop rapidement , sans crier gare,  après une vie de rancœur inassouvie, des brimades quotidiennes, des conditions inadaptés  à la course du temps.

Et du jour au lendemain, ils deviennent plus inutiles encore que lors de leur période active.

A quoi peut penser un retraité moyen dans ce pays, au dernier film, à la dernière pièce de théâtre qui se joue en ville.

Que nenni, c’est la facture d’électricité, celle de l’eau, de la flambée des prix, de sa visite au médecin, des remboursements éventuels de la CNAM  et surtout de l’argent de poche des  rejetons,  qui bien qu’adultes et diplômés  sont en quête d’emploi car, ils ne sont pas chômeurs,  puisqu’ils n’ont jamais travaillé.

Alors, si vous voyez un de ces condamnés, souriez lui, parlez lui de la météo, car vous aussi, un jour, vous serez vieux….et la  jeunesse ne dure que ce durent  les roses, l’espace d'une  illusion…..

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