Aujourd’hui, je suis triste.
Dés mon réveil, je découvre un spectacle de désolation, des branchages, des morceaux de bois partout dans la plus belle rue de Tunis : c’est la municipalité qui soigne à sa façon les arbres.
- Dans ce blog, je parle souvent de l’eucalyptus, l’arbre de mon pays et de mon enfance.
- Il y a entre nous quelque chose de fusionnel dû à ma "
Méditerranéeité" (si j'ose inventer ce mot), car je les sens brimés alors que c'est les témoins immuables de notre pays.
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Je ne veux pas voir là la main des charbonniers, car c’est la saison de la « merdouma », la fabrication de charbon de bois.
Une «merdouma» consomme jusqu’à 10 tonnes de bûches pour ne donner que 350 kilos de charbon. Très humides, les bûches donnent jusqu’à un quart de leur quantité en charbon.
Ce charbon est aussi utilisé dans les cafés et salons de thé à la mode pour les narguilés.
Ce charbon utilisé dans les cafés et salons de thé à la mode pour les narguilés.
Extrait d'un article du journal "la presse"expliquant la fabrication du charbon:
.........En effet, les branches et les bûches «récoltées» sont aussitôt classées selon leur degré d’humidité. L’aération et l’ensoleillement permettront l’évaporation de l’humidité contenue dans le bois.
Cette étape s’étale sur cinq jours environ. Sur place, un tas de bois est mis soigneusement de côté. Un peu plus loin, les fameuses «merdouma» brûlent, dégageant dans ce froid de canard une fumée blanche dont l’odeur est agréable.
Ces tas en sable, parfaitement lotis, constituent une sorte de fours primitifs à l’intérieur desquels est cuit le charbon. «Nous plaçons les bûches en tas. Puis, nous les couvrons de feuillage, en premier lieu, ensuite d’une couche de paille. Cela constitue un système d’isolation du charbon. Enfin, dans une troisième phase, on couvre le tout de sable. Il est, par ailleurs, primordial de laisser une petite ouverture qui, une fois le feu est mis à l’intérieur, sera fermée», explique Karim.
La «merdouma» acquiert alors la forme d’une petite montagne fumante, tel un volcan qui ne vomit jamais ses larves. Elle consomme jusqu’à 10 tonnes de bûches pour ne donner que 350 kilos de charbon. Encore faut-il préciser que, très humides, les bûches donnent jusqu’à un quart de leur quantité en charbon.
Par ailleurs, le charbon cuit progressivement. Cela peut durer jusqu’à un mois. Rahmène Salhi a 54 ans. Déjà a 15 ans, il travaille dans la «merdouma»; un travail difficile qui nécessite beaucoup de patience. «La merdouma nécessite un travail journalier. Elle demande, également, à être surveillée pendant la nuit afin qu’elle ne s’ouvre pas, car si cela arrive, même pendant cinq minutes seulement, tout le travail tombe à l’eau», explique-t-il.
Durant cette période, les ouvriers ne bénéficient d’ont aucun temps de répit. Le découpage des branches prépare les nouvelles «merdouma», qui succèderont aux autres.
La «merdouma» ne sera, en effet, délestée des couches qui la forment que petit à petit. Yasser explique que cela sera effectué d’une manière graduelle et qui peut s’étaler sur huit jours.
Par ailleurs, il est intéressant à noter que la qualité du charbon dépend de la nature de l’arbre. Yasser précise que certains arbres ne donnent pas un bon charbon. Par contre, l’idéal serait de fabriquer du charbon à partir de l’acacia, de l’olivier, de l’épinier et de l’oranger.
Pour ce qui est de la quantité, elle dépend et de la compétence de l’ouvrier et de la teneur des bûches en eau. Véritable expert, Rahmène indique qu’il peut, rien qu’en regardant les arbres, évaluer la quantité de charbon qu’il peut en extraire.
Toutefois, le charbon porte bien ses fruits. En effet, la patience finit par payer 450 D la tonne. Pour le consommateur, le prix du charbon avoisine les 950 millimes le kilo. Rentable, la «merdouma» l’est aussi pour les jeunes de Jayara qui ont trouvé, quoique dans des conditions difficiles, un gagne-pain.Dorra BEN SALEM - http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=3&news=40235